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L'inde ! par alexis le 29.10.2007.

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Namaste!

Apres ce formidable périple de 4 mois qui nous a permis de relier la France au Liban en profitant de chaque kilomètre, du 1er sur l'île de la Cite a Paris, au 6282eme dans le quartier d'Achrafieh a Beyrouth, nous voici soudainement projetés dans un autre monde, l'Inde! Tous ces pays, l'Allemagne, l'Autriche, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, la Turquie, la Syrie, le Liban, qui nous semblaient lointain et inconnus sont maintenant devenus des voisins proches et familiers.

Cette fois la transition est brutale! L'Inde, 1 milliard d'habitants, un paquet de vaches sacrées, une bonne dose de piment dans tout ce qui se mange, des bruits, des couleurs, des odeurs, dépaysement assuré, âmes sensibles s'abstenir!

Il est 4h30 du matin. Un taxi vient de nous déposer avec cartons et bagages au coeur de Pahrganj, le quartier des hôtels bon marchés de Delhi. Des dizaines d'hommes, de vieillards, de femmes, et d'enfants dorment la où ils peuvent, sur un carton, sous une charrette, sur un vélo ! Tous les espaces disponibles sont occupés. Une forte odeur d'urine, d'ordures, de bouse de vache et d'autres éléments non identifiés nous assaille. Une épaisse brume moite se dégage du sol et rend la scène d'autant plus surréaliste. Quelques heures plus tôt nous flânions dans les quartiers chics de Beyrouth. Où sont passes les beaux immeubles, les restaurants, la boulangerie "Paul"? Pas le temps de nous demander ce que nous faisons ici ! Un gamin nous repère, embarque aussitôt nos cartons plus lourds que lui sur son velo-rickshaw, et nous conduit pour une poignée de roupies a un hôtel que nous avions repéré en feuilletant un guide de voyage pendant le transit a Dubaï, dans la librairie du duty free.



Le vol depuis Beyrouth a été sans histoire. Il n'empêche que cette journée (qui est aussi celle des 27 ans d'Alexis), a cheval sur trois pays (Liban, Emirats Arabes Unis, Inde) a été épuisante. Nous nous effondrons et remettons a plus tard nos questionnements et les craintes que nous inspirent ce nouveau pays.

Nous passons 5 jours à Delhi. Le temps de faire nos visas pour le Népal, de nous acquitter chacun notre tour de la turista réglementaire imposée a chaque voyageur fraîchement débarqué de l'avion, et surtout le temps de nous acclimater a cet univers ou tout choque, tout surprend et ou nos sens sont a chaque instant soumis a toutes sortes d'épreuves. Le temps aussi de constater qu'il y a eu un peu de casse sur nos vélos lors du transport (dents cassées sur le grand plateau). Rien qui ne nous empêche de rouler heureusement.



Pour être honnête, nous n'avons qu'une idée en tête : rejoindre le Népal le plus vite possible. Quitter cette environnement sale, pollué, oppressant, surpeuplé. Mais parallèlement nous sommes terrorises a l'idée de quitter les facilites touristiques de Delhi et de nous lancer sur les routes de l'Uttar Pradesh. Les échos que nous avons eu d'autres cyclo-voyageurs ne nous rassurent pas du tout. Circulation infernale, routes désastreuses, camions fous, chauffeurs drogués pour tenir le coup et rester éveillés plus longtemps, cyclistes locaux purement et simplement écrasés sous les roues d'un bus, montagnes de détritus sur les bas cotes ... voila le tableau qui revient régulièrement dans les récits de nos prédécesseurs.

Alors quand enfin nous nous décidons a quitter la sécurité et le relatif confort de la capitale, nous mettons en place notre plan d'action : Vendredi 5 octobre, a 5h du matin, le réveil sonne. A 5h45 après avoir avale quelques bananes, nous donnons nos premiers coups de pédale sur le sol Indien et quittons Delhi sans l'avoir vraiment visitée. Nous roulons avec une seule idée en tête : parcourir au plus vite les 350 Kms qui nous séparent de la frontière Népalaise. Il fait encore nuit, nous profitons de la fraîcheur matinale et de la circulation réduite. En assistant en spectateurs au réveil de cette ville ou tant de gens dorment dehors, nous avons l'étrange sensation de participer a des scènes de vie quotidienne (toilette, lessive, cuisine ...) qui ne nous appartiennent pas. Nous sommes déjà a la frontière de Delhi lorsque le soleil se lève embrasant le ciel de couleurs orangées. Notre premier lever de soleil sur l'Orient.



A notre grande surprise, la route est excellente et la circulation très raisonnable. Nous sommes sur une large 2x2 voies, construite il y a moins de 2 ans par une société japonaise nous explique un des nombreux motards indiens qui ralentissent a notre hauteur pour nous questionner, curieux de savoir ce que deux touristes a vélo peuvent bien faire ici. Les villes se succèdent, sales et poussiéreuses, entrecoupées de temps en temps de quelques rizières. Si la route est relativement calme, les traversées des villes sont bien plus mouvementées. Les camions, les vélos, les rickshaw s'entrecroisent dans tous les sens. Il semble n'y avoir pas d'autre règle que la loi du plus fort, ce qui crée parfois des embouteillages monstrueux.



Chacun de nos arrêts provoque un attroupement impressionnant. Jusqu'a une centaine de personnes s'agglutinent autour de nous, chacun voulant voir et toucher nos vélos. C'est parfois oppressant, nous ne nous attardons jamais très longtemps. En fait nous nous arrêtons uniquement pour acheter des bananes. Nous en engloutissons une quinzaine chacun pendant la journée ! C'est la seule nourriture en laquelle nous ayons confiance après nos déboires intestinaux a Delhi.



Bien que nous soyons déjà en Octobre, il fait encore chaud dans la plaine du Gange. A partir de 11h la température se stabilise autour de 35 degrés. A 15h nous sommes épuisés. Nous avons parcouru 120 kms et nos jambes nous rappellent qu'entre Damas, Beyrouth et Delhi, ça fait près de 3 semaines que nous n'avons pas pédalé! Nous repérons un hôtel glauque au bord de la route ou nous nous arrêtons pour la nuit. Ici impossible de camper. Il y a du monde partout. Quand on voit les attroupements provoques par de simples pauses en bord de route, on préfère ne pas essayer de monter notre tente. Le soir, nous nous autorisons un repas plus complet et profitons des délicieux currys Indiens. Un peu trop épicé au goût de Florine, mais la cuisine Indienne est l'une des meilleures, avec les mezze Libanais, que nous ayons eu l'occasion de goûter jusqu'a présent (exceptée la cuisine Française bien entendu!).

Le lendemain et le jour suivant nous gardons le même rythme : bananes - coca toute la journée, guest-house pour la nuit, repas copieux et délicieux le soir. Certains tronçons de la route sont malgré tout dans un état catastrophique. Le goudron se fait rare, nous avançons alors difficilement sur une étroite piste caillouteuse et poussiéreuse. De temps en temps, un camion ou un bus en plein dépassement arrive droit sur nous dans la direction opposée. Nous comprenons vite qu'il faut alors se jeter sans hésitation dans le bas cote, fut-il constitue d'une montagne d'ordures, car rien de l'arrêtera. Nous prenons le parti d'en rire, et finalement, cette route que nous redoutions tant se révèle presque agréable.



Le dépaysement est important et nous n'avons pas le temps de nous ennuyer. Les temples, les rizières, les bananiers, les singes qui s'amusent au bord de la route, les vaches sacrées qui déambulent sans se soucier de la circulation, les femmes et les enfants qui travaillent a casser des cailloux a coups de marteau pour réparer les routes, un éléphant qui transporte du bois sur une nationale, les camionneurs qui n'hésitent pas a arborer un grand "Horn Please" (Klaxonnez s'il vous plait) a l'arrière de leur véhicules, les centaines de cyclistes qui se rendent au travail sur des vélos totalement déglingués ... Nous n'arrêtons pas d'être étonnés









Nous faisons une constatation amusante : Les cyclistes Indiens détestent se faire doubler ... par Florine ! Ils re-doublent aussitôt puis reprennent leur rythme initial quelques mètres plus loin, l'obligeant a doubler a nouveau ... un petit jeu qui peut durer longtemps. Nous décidons de tester leur endurance. Alors qu'un groupe de 3-4 vélos insistants refuse de se laisser dépasser, nous forçons l'allure. Débute alors une folle poursuite. Lorsque notre petit peloton dépasse de nouveaux cyclistes, ceux-ci se joignent a la course, chacun essayant de devancer le groupe. Le jeu devient dangereux. Nous sommes une quinzaine a vouloir passer devant a tout prix. La chute collective menace. Nous roulons à vive allure. L'un des participants en plein effort casse brutalement sa chaîne. Il doit s'arrête dépité !
Le plus drôle est le sérieux avec lequel les Indiens accélèrent. Sans un sourire, sans un regard, en essayant de paraître naturels et décontractés, mais sans réussir à cacher l'essoufflement qui ne manque pas de survenir après quelques minutes. Finalement au bout d'un quart d'heure, tous ont fini par atteindre leur destination et nous reprenons un rythme plus raisonnable. Ils nous ont épuisé. C'est qu'ils sont résistants les bougres malgré les antiquités sans vitesses sur lesquelles ils roulent.

Deux jours et demi et 350 Kms plus tard, notre traversée de l'Uttar Pradesh s'achève. Ce fut bref mais intense. Ce passage en Inde est bien trop court pour nous permettre d'appréhender réellement ce gigantesque pays, mais cependant nous sommes agréablement surpris compte tenu des craintes et des préjugés que nous avions en arrivant.

Le 7 Octobre en début d'après-midi, après avoir passe un moment a chercher les cabanes qui servent de bureau d'immigration cote Indien et Népalais afin de faire tamponner nos passeports, nous entrons au Népal. C'est un autre monde la transition est impressionnante, nous vous raconterons ça bientôt.

Florine et Alexis

English version

Namaste!

After this tremendous 4 month journey which had led us from France to Lebanon, enjoying every km from the first one on the « Ile de la cité » in Paris to the 6282nd in Achrafieh district in Beyrouth, suddenly we were flying into a completely different world, India. All these countries, Germany, Austria, Hungaria, Romania, Bulgaria, Turkey, Syria, Lebanon, that seemed so distant and unknown to us had turned into close and familiar neighbors.

This time, the transition is abrupt! India, one billion inhabitants, lots of sacred cows, a heavy dose of red pepper in whatever you eat, noises, colors, smells, a guaranteed feeling of removal from your usual environment, sensitive hearts stand aside!

It is 4h30 in the morning. A taxi had just dropped us with parcels and luggage in the heart of Pahrganj, the cheap hotel district in Delhi. Scores of men, aged people, women and children sleep wherever they can, on a cardboard box, under a cart or a bicycle! Every available space is occupied. A strong smell of urine, garbage, cow dung and other non identified stuff assails us. A thick and moist haze soars from the soil and makes the view still more surrealistic. A few hours before, we were strolling in the fashionable districts of Beyrouth. Where have all the nice buildings, restaurants, « Paul bakeries » gone? No time to wonder what we are doing here. A boy spots us and immediately takes our boxes, heavier than himself, on his rickshaw bike, leading us, for a handful of rupees, to a hotel we had selected by flipping through a travel guide during our transit in Dubai, in the duty free book store.



We had had no problem flying over from Beyrouth. Nevertheless, that day (which was also the 27th birthday of Alexis) we spent straddling 3 countries (Lebanon, United Arab Emirates, India) had been exhausting. We just flopped down and put off our questions and fears about this new country.

We spent 5 days in Delhi. The time required to get our visas for Nepal, to put up, according to the rule, with the « turista » which obtrudes itself on every traveler freshly disembarked from the plane, and above all, time to get used to this world where everything comes as a shock, everything is startling and where our senses are constantly sorely tried. Time also to discover that our bicycles had been damaged a little during transport (some teeth of the large chain wheel are broken). Fortunately, this will not prevent from cycling along.



To be honest, we had one and single idea in mind: reach Nepal as soon as possible! Leave this dirty, polluted, oppressive, overpopulated environment. Yet at the same time we felt frightened at the idea of leaving the tourist facilities of Delhi and launching on the road of Uttar Pradesh. The opinions echoed by other cyclotourists were not reassuring at all. Infernal traffic, disastrous roads, mad truck drivers taking drugs to keep awake longer, local cyclists simply and solely run over by buses, mountains of rubbish on the road sides.... Such was the description steadily given in our predecessor's reports.

So, when at last we made the decision to leave safety and the comparative comfort of the capital, we worked out our plan: On Friday October 5th the alarm clock struck at 5 o’clock in the morning. At 5:45 after swallowing a few bananas, we started cycling on the Indian soil and we left Delhi without even really visiting it. We rode along with only one idea in mind: cycling through the 350 kms that lay between us and the Nepalese border as fast as possible. It was still dark and we enjoyed the morning coolness and the low traffic. While looking at this city awakening as spectators, and as so many people sleep outside, we had the strange feeling of taking part in daily life activities (washing, cleaning, cooking ...) that were foreign to us. We were already leaving the limits of Delhi when the sun rose, making the sky glow with orange colors. Our first sunrise on the Orient …



To our big surprise, the road was excellent and the traffic quite reasonable. We were on a large dual carriage way, built less than 2 years ago by a Japanese company, as explained one of the many Indian motorcyclists who slowed down when they passed us to ask questions, wondering what 2 tourists on a bicycle can do there...Towns followed one after the other, dirty and dusty, with sometimes a few rice plantations in between. If the road was rather calm, crossing the towns was much more hectic. Trucks, bicycles, rickshaws criss crossed in every direction. It looked as if there was no other rule but « might is right », which sometimes brings about huge traffic jams.



Each of our stops was the origin of impressive mob gatherings. Nearly a hundred people crowded around us, everyone wanted to see and touch our bikes. It was sometimes oppressive and we never lingered about too long. Actually we only stopped to buy bananas. We gulped down 15 of them each during the day! It was the only food we trusted after our intestinal problems in Delhi.



Although we were already in October, it was still hot in the Ganges plain. After 11:00 am, the temperature steadied around 35°. At 3:00 pm we were exhausted. We had cycled along 120 km and our legs reminded us that between Damascus, Beyrouth and Delhi, it was 3 weeks since we had stopped pedaling! We spotted a shabby hotel along the road and we stopped there for the night. Here it is impossible to camp. People are everywhere. After seeing the mob gatherings raised by simple pauses along the road, we'd rather not try to pitch our tent. In the evening, we treated ourselves to a more « full » meal and enjoyed the delicious Indian curries. They are a little too spicy according to Florine's taste, but the Indian cuisine is one of the best, with the Lebanese Mezze that we have tasted up to now (except the French cuisine of course!).

On the day after and the following one, we kept the same diet: Bananas and coke during the whole day, a guesthouse at night, a hearty and delicious meal in the evening. Some sections of the road however are in a disastrous condition. The tar becomes rare and then we cycle along with difficulty on a narrow, stony and dusty track. From time to time, a truck or a bus overtaking in the other direction speeds along right in front of us. We are quick to understand that the only solution then is to throw ourselves without any hesitation on to the road side, even if it is a heap of garbage, because nothing will stop it. We decide to make the best of it and laugh, and finally this road we had so much feared becomes almost pleasant.



We feel like « a fish out of water » and have no time to be bored. Temples, rice plantations, banana trees, monkeys playing along the road, sacred cows strolling about carelessly among the traffic, women and children at work breaking stones with a hammer to repair the road, an elephant carrying wood on a national road, truck drivers who do not hesitate to stick up a big « horn please » notice at the rear of their vehicles, hundreds of cyclists going to work on completely dislocated machines!... We never stop being surprised.









We came to a funny conclusion: Indian cyclists hate being passed.... by Florine. They immediately pass her again and come back to their initial rhythm a few meters forward, so that she has to pass them again... A little game that could last for long! We decided to test their resistance. As a group of 3-4 stubborn bikers refuses to let itself be passed, we increase our speed. Then a mad chase began. When our small group overtook other cyclists, they joined the race, each one trying to leave the others behind. The game was becoming dangerous, 15 of us trying to get ahead at all costs. A mass fall was threatening. We are riding at full speed. One of the competitors suddenly broke his chain as he was striving every nerve to go on. He had to stop, spitefully!

What's most funny is to see how serious the Indians are when they speed up. Without a smile, a glance, trying to look natural and relaxed, but failing to hide how breathless they are after a few minutes. Eventually, after a quarter of an hour, all of them had reached their place or destination, and we slowed down to a more reasonable tempo. They had exhausted us! Indeed they are very resistant, in spite of the antique gearless machines they ride.

To and a half days and 350 kms later, we had finished cycling through Uttar Pradesh. It had been quick but intense. This crossing of India was much too short for us to really appreciate this huge country, yet we were pleasantly surprised if we take into account the fears and prejudices that we had had at our arrival.

On October 7th, early in the afternoon, after spending some time trying to spot the shanties that are used as immigration offices on the Indian and Nepalese sides in order to have our passport stamped, we cycled into Nepal. This was another world, the transition was impressive, we'll tell you all that later.

Florine and Alexis

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