Articles
Sommaire > Syrie > La Syrie, une plongée dans l'Orient
La Syrie, une plongée dans l'Orient par alexis le 09.10.2007.

Scroll down to read the English version

En Turquie, le routard découvre l'Orient en touriste, de manière relativement délicate. En Syrie, le voyageur plonge dans l'Orient. Immersion immédiate dans un monde qui semble, au premier abord, sortit tout droit d'un roman, d'une autre époque. Peu a peu, le regard s'habitue à ce nouveau décors, les incongruités et incompréhensions des premiers jours commencent a prendre du sens. Lorsqu'après avoir pris le temps de découvrir un peu le pays on finit par le quitter, on ne s'y sentait finalement plus tellement étranger.

En arrivant a la frontière syrienne le 3 septembre, cela ne fait aucun doute que nous dénotons dans le paysage ! En pantalon - tee-shirt, nous attendons notre tour au milieu de dizaines d'hommes en djellaba turban et de femmes voilées en noir de la tête aux pieds. Seuls Européens parmi des Syriens de retour au pays et des Irakiens s'y réfugiant. Le paysage change lui aussi. Nous traversons des champs de pistachiers et figuiers, les premiers palmiers bordent la route, les maisons sans étage sont très claires et surtout, l'air est rempli de poussière, de beaucoup de poussière !



L'hospitalité, en revanche, est toujours de mise. Des les 1ers kilomètres nous sommes plusieurs fois ''obligés'' de refuser des invitations a boire un thé ou un café, afin de pouvoir avancer. Lors d'une pause dans un champ, le propriétaire qui passe devant nous en voiture s'arrête à notre hauteur pour ramasser des figues et nous les offrir. Le soir de notre arrivée, une famille nous accueille chez elle. L'occasion de découvrir encore de nouvelles différences avec la Turquie, plus subtiles : le thé est davantage sucre, les pièces ne sont plus couvertes de tapis même si on mange toujours a même le sol de délicieux plats.




Nous entrons dans Alep le 4 septembre. L'effervescence de la ville est impressionnante. Nous avons du mal a nous orienter, a nous repérer. Même trouver un hôtel bon marché n'est pas une tache aisée : cette catégorie d'hébergement est en grande partie monopolisée par les Irakiens qui ont du fuir leur pays. Lorsque finalement nous trouvons notre bonheur (en compagnie des cafards !), nous décidons de rester trois jours ici. Nous voulons prendre le temps de nous reposer après la traversée de la Turquie, riche mais épuisante, prendre le temps de découvrir cette ville qui nous semble si agitée et enfin, prendre le temps de nous remettre de notre première turista qui nous tombe dessus en arrivant ! Ce délai n'est pas superflu. Durant deux jours, j'ai l'impression que tout n'est que confusion, brouhaha et concert de klaxons. Les rues paraissent impossibles à traverser. Les coupures d'électricité, voire d'eau, sont fréquentes et imprévisibles. La population s'y est habituée. Pour nous, cela est surprenant puisque justement nous ne dormons pas sous la tente et pensons bénéficier, en arrivant dans une ville, du confort dont nous avons moins l'habitude lorsque nous bivouaquons. Le souk, véritable labyrinthe ou tout se vend, des têtes et pieds de moutons à l'orfèvrerie en passant par les tapis, les épices, les savons a l'huile, la soie, (etc.) est totalement dépaysant. Ici, peu de touristes. En revanche, l'ensemble des habitants semble concentré dans ces étroits passages pour y faire les provisions. Oubliés les supermarchés, ces grandes surfaces si pratiques ! Désormais nous devons nous adapter aux coutumes locales : a peu de choses près : une boutique par article recherché ! Déstabilisent !




En revanche, les commerçants nous sollicitent beaucoup moins qu'en Turquie. De ce point de vue, la Syrie est plus reposante. Par ailleurs, nous découvrons également quelques rues loin de l'agitation. Il s'agit du quartier d'Al-Jdeida ou sont concentrées les Eglises Chrétiennes. Quartier calme mais également luxueux compare aux rues adjacentes.



Lorsque nous quittons la ville le 7 septembre, nous commençons tout juste a y voir plus clair. Nous partons vers l'ouest en direction de Ldlib afin de passer des ''villes mortes'' datant des 5eme et 6eme siècle. Il y en a plusieurs concentrées dans cette partie du pays. Pour notre part, nous en visitons 2, Ruwheila et Jedra, perdues dans d'infinies étendues de pierres.




Durant trois jours nous affrontons un vent de face qui nous ralentit considérablement et soulève beaucoup de poussière. La route est sale, bordée de déchets. La plupart des Syriens en deux-roues (motorisées!) ralentissent à notre hauteur, osent parfois quelques mots mais nous fixent le plus souvent des yeux pendant un long moment. Toutes ces conditions réunies rendent cette partie de notre itinéraire fatigante. Pour compliquer la situation, notre première crevaison du voyage a lieu en fin de journée, au milieu de jeunes qui veulent nous aider à trouver un endroit pour dormir et nous proposent uniquement un espace en pleine agglomération ! Réaction en vidéo en cliquant sur le lien ci-dessous :

http://www.aieulsdailleurs.org/carnets/article.php?categorie=9&article=30

Cette fois encore, l'hospitalité syrienne nous évite finalement une nuit dehors. Une famille nombreuse et très traditionnelle (celle que l'on aperçoit sur la vidéo) nous invite chez elle. Nous sommes très bien accueillis mais avons du mal a trouver notre place parmi la vingtaine de personnes présentes, tous plus ou moins cousins, et ou les deux jeunes filles de 15 et 18 ans, entièrement voilées de noir, n'ont pas le droit d'entrer dans la pièce commune. Avant de nous coucher, nous constatons avec inquiétude que nos sacoches ont été entièrement retournées durant la soirée. Heureusement, il ne manque rien.

Nous repartons vers l'est cette fois, avec pour point de mire l'oasis de Palmyre. Nous devons emprunter l'autoroute ! Curieuse autoroute ou mobylettes, charrettes et parfois même véhicules se permettent de rouler a contresens ! Le 9 septembre nous arrivons enfin aux portes du désert. En début de soirée, un gardien d'antenne de communication nous accueille dans son petit réduit. Entre hommes, avec son frère et un ami, ils font le nécessaire pour nous offrir a manger dans les meilleures conditions. Leur maladresse (d'habitude ce sont les femmes qui gèrent les repas !) et leur générosité nous touchent. Nous passons avec eux une excellente soirée, en toute simplicité.



Durant deux jours nous pédalons dans le désert, par plus de 30 degres, ce qui implique un réveil très matinal (5h30!) pour rouler avant les fortes chaleurs. Nous chargeons nos vélos de plusieurs bouteilles d'eau, jusqu'a 14 litres au total, pour prévenir un risque de pénurie lorsque deux villages sont distants de 100 kms. Autour de nous, le sable parsemé de pierres et de touffes d'herbe grasse s'étend a perte de vue. La longue et étroite bande de goudron qui nous sert de guide est bien rassurante dans cette immensité. De temps en temps, nous dépassons des tentes de bergers, mais le plus souvent, ce sont des militaires que nous croisons. Omniprésents dans le pays, ils semblent occuper tout le désert.





11 septembre. Palmyre. Quelle surprise, quel émerveillement en arrivant dans ce site archéologique datant des 2 et 3eme siècles après J.C. Initialement nous n'avions pas prévu de faire ce détour. Nos lectures nous ont convaincu de passer pousser jusque-la. Les commentaires étaient si positifs que nous avions un peu peur d'être déçus ! En réalité, les ruines bien conservées et s'étendant sur plusieurs kilomètres constituent un décor qui semble irréel. Pour ajouter a la magie du lieu, nous sommes quasiment les seuls touristes et il est permis de s'aventurer librement presque partout. Autant dire que nous passons des heures a explorer les lieux, du lever au coucher du soleil pour admirer le site sous les différentes lumières de la journée.






Entre deux visites, nous profitons également de notre pause a Palmyre pour nouer un maximum de contacts a Damas dans le cadre de notre reportage sur les anciens. Dans chaque pays nous essayons de joindre des instituts francophones et structures s'occupant de personnes âgées. Cela sous-tend de nombreux coups de téléphone, relances, emails. Nous avions traverse la Bulgarie et la Turquie au mois d'août, une mauvaise période pour lier des contacts, tout étant ferme durant les vacances. En Syrie nous rencontrons un autre problème : impossible de joindre toutes les personnes sur qui nous comptions ! Heureusement, l'Institut Culturel Français de Damas répond présent et s'investit dans le projet. Apres deux nouvelles journées de vélo dans le désert, nous arrivons le 15 septembre dans la capitale, recouverte d'un épaisse couche de pollution.



Nous organisons notre emploi du temps avec pour priorité la prolongation de nos visas et des rendez-vous avec des personnes âgées. Nous rencontrons par exemple Souhail, ingénieur des Ponts et Fosses et encore enseignant a l'age de 78 ans et Mohamed, producteur et vendeur de Arek Souse, une boisson a base de réglisse très populaire en cette periode de ramadan. (Reportages disponibles dans la rubrique "carnets de route").




Pour clore notre séjour en Syrie, une visite s'impose à la Mosquée des Omeyyades, décorée de somptueuses mosaïques. Il nous faut malgré tout patienter trois heures avant de pénétrer dedans !




La Syrie, pays aux contrastes surprenants, nous a offert de nombreuses découvertes et a encore beaucoup a nous apprendre. Nous reprenons la route le 20 septembre. Beyrouth n'est qu'a une centaine de kilomètres...

English version

In Turkey the back packer discovers the Orient as a tourist, in a rather » light » way. In Syria, the traveler dives into the Orient. It is a sudden plunge into a world which, at first sight, seems to spring out from a novel, from another time. Then little by little, your eyes get used to their new environment, the incongruities and misunderstandings of the first days slowly make more sense. When you eventually leave the country after taking some time to discover it, you no longer feel like a foreigner …

When reaching the Syrian boarder on September 3rd, it was obvious that we were out of place in the surroundings! Wearing trousers and T-shirts, we waited for our turn with scores of men in a jellaba and turban, and veiled women in black from head to foot... We were the only European people among Syrians going back home or Iraqis seeking refuge there. The landscape was changing too. We rode through fields of pistachio trees and fig trees, the first palm trees were standing along the road, the single storeyed houses were very clear and everywhere the air was very, very dusty!



Yet hospitality was still the rule. As soon as we started on our first kilometer, we had to refuse invitations to share a tea or coffee, in order to be able to move on... Once, when we were pausing in a field, the owner who happened to drive past us stopped to pick some figs and offered them to us. For our first night a family put us up, and it was an opportunity for us to discover new differences with Turkey, more subtle ones: the tea was sweeter, the rooms were no longer covered with carpets even if we were still eating delicious dishes sitting on the bare floor.




We came into Alep on September 4th. It was impressive to see how the city was seething with excitement. It was difficult to find our bearings, to get an idea of the lie of the city. Even finding a cheap hotel was not an easy job: this category of lodging is largely the monopoly of Iraqis who had to flee from their country. When eventually we hit upon the right place (with cockroaches to keep us company!) we decided to spend 3 days there. We wished to have some time to rest after crossing Turkey, an enriching but exhausting experience, some time to discover this city which looked so buoyant to us, and also some time to recover from our first « turista » that fell on us as we arrived there. This respite was not too long! During two days, I had the impression everything was but confusion, hubbub and horn sounds. It seemed impossible to cross the streets. Power and water cuts were frequent and unpredictable. The population has grown used to it. For us, all this was surprising since we did not sleep in a tent and had expected, when arriving in the city, we would be able to take advantage of the comfort we lack when we sleep in the open... The souk is a real labyrinth where you can sell and buy anything, from sheep heads or trotters to jewelry or carpets, spices, oil and soap, silk etc ...and you feel completely removed from your usual surroundings. Very few tourists there. On the other hand, the whole population seemed to be concentrated in these narrow alleys doing their shopping. Forget about supermarkets, the convenient large stores!. There we had to adapt to local customs, which means more or less: one shop for each article you are looking for! Quite confusing!




On the other hand shopkeepers were less urgent with us than in Turkey. Syria is more restful from this point of view. Besides, we also discovered some streets far from any agitation, in the Al-Jdeida district where the Christian churches are concentrated: a quiet but also luxurious district, compared to bordering streets.



When we left the city on September 7th, we were only just beginning to find our way about. We made for the west, towards Idlib in order to go through « dead cities » dating from the 5th and 6th centuries. Several of them are concentrated in this part of the country. We visited 2 of them, Ruwheila et Jedra, lost in vast stony sweeps.




During 3 days, we had to struggle against a front wind that considerably slowed down our speed and raised lots of dust. The road was dirty, littered with garbage. Most Syrians driving two wheeled vehicles (motorized!!!) slowed down when overtaking us, and only stared at us for a long time. All this made this part of the journey very tiring. To make things even worse, we had our first puncture at the end of the first day, in the middle of a group of young people who wanted to help us to find somewhere to sleep but only proposed places in built up areas. You can see our reaction in the videos, by clicking on the link below:

http://www.aieulsdailleurs.org/carnets/article.php?categorie=9&article=30

Once again, Syrian hospitality eventually spared us the trouble of sleeping in the open. A large and very traditional family (the one you can see on the video) invited us. We were given a hearty reception, but found it difficult to feel comfortable among the score of people there, all of them more or less related to each other, and where the young girls, 15 and 18 years old, completely veiled in black, were not allowed to step into the common room. Before we went to bed, we found out, somewhat worried, that our bags had been completely turned upside down during the evening... Fortunately nothing was missing.

We left and made for the East this time, Palmyra Oasis being our goal. We had to take the motorway! A strange one where motorcycles, carts and even sometimes cars take the liberty of driving in the wrong direction! On September 9th, we reached at last the limits of the desert. In the early evening, the watchman of a communication unit received us in his small closet. With his brother and a friend of his, these men managed to offer us some food in the best possible conditions. Their awkwardness (usually women deal with the meals!) and their generosity moved us deeply. We had a very good time with them, without any fuss.



During three days we cycled in the desert, with a temperature rising above 30 degrees, which imposed a very early wake up(5.30) to move forward before the heat. We loaded our bicycles with several bottles of water, up to 14 liters altogether, to avoid any shortage when 2 villages are more than 100 kms away from one another. All around us, the sand sprinkled with stones and rich grass tufts was stretching as far as the eye could see. The long and narrow tar stretch that was our guide was quite reassuring in such boundless space. From time to time, we passed beyond shepherds'tents, but we more often came across military men. They are omnipresent in the country, and seem to hold the whole of the desert..





September 11th, Palmyra. What a shock, what an amazing sight when we reached this archeological site dating from the 2nd and 3rd centuries! Initially, we hadn't planned to make this detour. Yet our readings pushed us into doing so. Commentaries were so laudatory that we were afraid of being disappointed! Actually, the well preserved ruins that stretch over several kms make up a somewhat unreal setting. As if to add up to the magic of this area, we were nearly the only tourists and were allowed to venture freely almost everywhere. Needless to mention we spent hours exploring the place, from dawn to dusk, in order to admire the site in different lights.






Between 2 visits, we also took advantage of our stay in Palmyra to establish relations in Damascus for our series of articles on old people. In each country, we try to get in touch with French speaking Institutes and organizations dealing with old people. This involves numerous phone calls, follow up, emails. We had crossed Bulgaria and Turkey in August, an awkward period to establish relationships, everything being closed during the holidays. In Syria we came across another problem: it was impossible to get in touch with the persons we were relying upon! Fortunately, the French Institute was helpful and committed itself to help our project. After 2 more days cycling in the desert, we arrived on September 15th in the capital, wrapped in a thick cloud of pollution.



We set up our schedule and made it a priority to extend our visas and establish contacts with old people. For example we met Souhail, an engineer in the Highways department and still teaching at 78, and Mohamed, a producer and seller of Arek Souse, some licorice juice very popular in this Ramadan period (see reports in the « carnets de route » heading)




To conclude our stay in Syria, a visit to the Omeyyades Mosque, decorated with magnificent mosaic, was simply a must. Although we had to wait patiently for 3 hours before we could get in.




Syria, a country with amazing contrasts, had offered us numerous discoveries and had a lot more in store for us to learn. We took the road again on September 20th.Beyrouth was only 100 kms away...
Recherche :
haut de la page
[-] taille [+]